Pour l'adversité. Natation en eau libre pour la résilience

Le blog de ce mois-ci retrace l’histoire d’un homme parvenu à se remettre de ses blessures et d'un traumatisme grâce à la natation en eau libre. Il évoque également le rôle de l’eau froide dans le renforcement du bien-être et de la résilience. 

MAGGY BLAGROVE - Director and founder of Open Minds Active

Il y a peu de temps, j'ai eu le plaisir de nager avec Simon Harmer, un ancien médecin de combat qui a servi dans l'armée britannique. Alors qu’il patrouillait lors d'une mission en Afghanistan en 2009, Simon active un engin explosif improvisé. À la suite de l’accident, il est amputé des deux jambes. La natation en plein air a joué un rôle crucial dans son rétablissement. Aujourd'hui, il se sert de cette discipline comme outil pour entretenir sa santé mentale et son bien-être. J'ai eu la chance de le rencontrer à quelques reprises déjà. Sa vision de la natation en plein air est inspirante. Bien qu’il soit techniquement handicapé, Simon ne se laisse pas définir par ses blessures.

Le temps d'une matinée, nous avons nagé à Vobster Quay, à une demi-heure au sud de Bath au Royaume-Uni. Situé dans une ancienne carrière au beau milieu d'un magnifique cadre naturel, le site abrite des eaux cristallines. Le personnel est incroyablement accueillant et réalise un excellent travail. Lorsque les restrictions Covid le permettaient, ils ont gardé le site ouvert aux nageurs et aux plongeurs pendant la pandémie. Leur entraîneur en chef, Richard Smith, dispose d'une vaste expérience dans le soutien aux nageurs présentant des conditions physiques spécifiques. Cette attitude inclusive contribue à rendre le lieu exceptionnel.  

CONSEILS PRÉCIEUX POUR DÉBUTER EN EAU LIBRE

Au début de l'année 2021, le Royaume-Uni a connu un printemps frais, avec des températures inférieures à la moyenne. Le jour de notre baignade à la fin du mois d'avril, le thermomètre du lac affichait 11 degrés, quelques degrés de moins qu'elle n'aurait dû l'être à cette période de l'année. Nous avons commencé par filmer des images de Simon entrant et sortant de l'eau, puis nous sommes partis nager autour du lac et avons parlé de ce que la natation signifie pour lui. J'avais hâte de savoir comment ce sport l’avait aidé dans sa rééducation, et quels conseils il donnerait aux autres personnes dans une situation similaire souhaitant essayer la natation en eau libre pour la première fois.

Simon est incroyablement franc lorsqu'il parle de ses blessures et de la façon dont elles se sont produites. L'une des choses les plus inspirantes à son sujet est son honnêteté, son ouverture à propos des choses qu'il peut faire et ses difficultés en tant que nageur. Alors que nous nous préparions pour notre session de natation, nous avons discuté de l'importance de la haute visibilité pour les nageurs handicapés. Les sites de natation en eau libre, sur les réseaux sociaux ou lors d'événements, ont besoin d'un modèle à suivre. Simon est l’exemple même de la réussite, une personnalité inspirante pour encourager plus de gens à s'adonner à cette activité. Il documente parfois ses aventures aquatiques pour les publier sur sa chaîne Youtube, Just Add Water. Il aborde la natation sauvage sous tous ses aspects, et ses ressentis par rapport à chaque site, aux conditions et aux températures. Ses vidéos donnent un aperçu précieux du sport pour quiconque souhaite s’y essayer, handicapé ou non. Pour ce faire, il essaye notamment de répondre visuellement aux questions que les gens peuvent se poser sur les adaptations nécessaires liées à sa condition physique lors de l'accès à un nouveau site, ou sur la façon dont son corps s'acclimate à l'eau froide.

CONSEILS PRATIQUES POUR SURMONTER CERTAINS OBSTACLES

Alors que nous descendions la rampe d'accès à l'eau, nous avons abordé les obstacles que les personnes handicapées souhaitant essayer la natation eau libre pour la première fois peuvent rencontrer. Simon a quatre précieux conseils pratiques à offrir :

1. Trouvez un site qui peut vous aider à planifier votre baignade, en particulier les entrées et sorties de l’eau. La plupart des sites sont disposés à coopérer, mais il convient de leur en informer.

2. Faites vous accompagner de quelqu'un qui puisse vous aider à entrer et sortir de l'eau la première fois, et ne nagez pas seul. Les nageurs en eau libre forment une communauté amicale, inclusive et éclectique. Vous trouverez toujours des personnes prêtes à vous aider, à partager une bonne conversation ou même un casse-croûte !

3. Restez rationnel, respectez vos propres limites. Commencez par des distances et temps courts, et augmentez progressivement. Profitez de la nature et de l’air pur.

4. Préparez bien votre équipement. Pour les utilisateurs de chaise roulante, la housse est un élément utile à emporter ; elle permet de maintenir la chaise au sec par mauvais temps. Simon l'utilise également pour passer de l'eau à l'endroit où il se change après une baignade. Il n'est pas nécessaire de dépenser une fortune en équipement. Simon ne jure que par sa serviette poncho, il ne s’en sépare jamais.

UN SENTIMENT DE LIBÉRATION

Alors que nous entamions notre douce croisière autour du lac, j'ai remarqué à quel point Simon avait l'air à l’aise dans l'eau, alors qu'il se dirigeait vers la première bouée. Nous avons parlé des sensations que lui procure la natation sauvage. Il m'a confié que lorsqu'il est dans l'eau, il a l’impression d’être une personne comme les autres. Pour lui, c’est là toute la magie de la discipline. Se mettre à l'eau peut être délicat, mais une fois dedans, ce sentiment de libération est à la fois motivant et exaltant. Documenter ses séances à travers la narration a joué un rôle essentiel dans son rétablissement. Il filme une grande partie de ses aventures aquatiques pendant et après l’exercice. Pendant que nous nagions, nous avons tous deux observé que la conversation était naturellement plus aisée une fois dans l'eau. Le mouvement des eaux libère l'émotion et la volonté de partager, il aide à la réflexion et permet aux pensées de s’établir en toute liberté.

LE RÔLE VITAL DE LA NATURE

Avant ses blessures, Simon pratiquait le triathlon mais il nageait principalement en piscine, car la natation en eau libre était encore un sport relativement nouveau. Au cours de sa rééducation, il s’est découvert une passion pour la natation en eau libre et a commencé à chercher des sites au Royaume-Uni, ce qui représentait un nouveau défi et un nouvel objectif. Depuis 2011, il parcourt le Royaume-Uni à la nage et participe à différents événements emblématiques comme le Dart 10Km, le Brownsea Island Sea Swim et le lac Windermere. Outre les avantages physiques de l'entraînement, il a découvert que son bien-être mental s'était amélioré grâce à une immersion régulière dans l'eau froide et à sa connexion profonde avec la nature et les éléments qui l’entourent. Pendant notre sortie, nous avons pris le temps d'apprécier le paysage, de nous imprégner de lui. Nous avons tous deux souligné le rôle essentiel que joue la nature dans nos aventures de natation sauvage. Dans la précipitation, ou lorsqu'on est concentré sur l'entraînement, on peut facilement oublier de s'arrêter et de regarder autour de soi. Ces moments précieux dans la nature, regarder un martin-pêcheur s'élancer au bord de l'eau ou un cormoran majestueusement perché sur un rocher à proximité, nous aident à nous sentir plus présents. C'est cette connexion avec le monde naturel qui rend les baignades d'autant plus agréables. Pour Simon, comme pour beaucoup, l'intérêt réside en grande partie dans l'espace infini qu’offrent les sites sauvages.

PLEINE CONSCIENCE NATURELLE

Nous avons continué notre nage en prenant le temps d'explorer chaque coin et de remarquer les subtils changements de lumière et d'eau en parcourant une boucle de 750 m. Bien qu’acclimatés et en combinaison, nous avons su quand il était temps de rentrer. Reconnaître ses propres limites et savoir quand sortir de l’eau est un élément crucial de la natation en eau froide : sortir en restant légèrement sur sa faim est une règle de base raisonnable. Une fois changés, nous nous sommes assis tranquillement en frissonnant avec notre thé et notre gâteau, réfléchissant à ce que la nage et l'eau froide nous avaient fait ressentir. Nous étions reconnaissants d’avoir passé un si bon moment, loin de nos téléphones portables et du monde extérieur. Simon a expliqué comment cela invoquait en lui une pleine conscience naturelle le forçant à se concentrer uniquement sur le corps et l’esprit, ainsi que sur la tâche à accomplir - la survie. Cela fait aussi l'intérêt de ce sport, car peu importe ce que vous ressentez, l'eau est toujours là. L'eau froide canalise nos énergies, nous aide à nous concentrer sur notre respiration et à rester calme, créant une résilience naturelle qui nous habite pendant longtemps après la fin de l’exercice.

À PROPOS SIMON HARMER

Simon a pratiqué le ski alpin et le parachutisme en tandem, il a parcouru l'Amérique à vélo, terminé un demi-ironman, nagé dans le lac Windermere et est devenu influenceur dans la scène croissante de la natation hivernale en eau libre. Il a pris la parole devant nombreux publics à travers l’Europe, avec certaines des plus grandes marques, notamment Tedx, Facebook, The Royal Ballet School, Northampton Saints Rugby Club, pour n’en citer que quelques-unes. Tout cela malgré des blessures qui ont changé sa vie à la suite d'un incident opérationnel ayant interrompu sa carrière militaire à succès. Simon n'a pas seulement survécu, il a prospéré. Il soutient sa famille et remercie ceux qui étaient là pour lui quand il en avait le plus besoin. Il refuse de laisser ses blessures le définir. Travailleur indépendant, il est également consultant et mène une vie active.
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@simonharmer

À PROPOS MAGGY BLAGROVE

Maggy Blagrove est la directrice et fondatrice d’Open Minds Active, une organisation à impact social basée à Bristol dont la mission est de promouvoir la santé mentale et le bien-être à travers la nage sauvage et l’exercice en plein air.  En plus d’être diplômée en développement international, Maggy est une enseignante qualifiée, coach de natation en eau libre, MNS et coach de netball. Au cours de 20 ans d’expérience dans le sport et au sein de communautés, elle a développé divers projets internationaux et nationaux. Au Moyen-Orient et en Afrique, elle a dirigé des programmes visant à utiliser le sport pour renforcer la résistance, et également au Royaume-Uni en faisant du sport un outil pour impliquer les jeunes défavorisés et les communautés marginalisées. 
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