Natation en eau libre. Outil de renforcement des relations
Orca
2 novembre 2021
Beaucoup de personnes associent l'océan à une force guérisseuse, mais pour certains, c'est un lieu qui évoque un traumatisme.
Le court-métrage The Water Holds Me/The Water Binds Us est le fruit d’une collaboration entre Charlotte Bates et Kate Moles, sociologues et nageuses basées à l'université de Cardiff,
Le court-métrage The Water Holds Me/The Water Binds Us est le fruit d’une collaboration entre Charlotte Bates et Kate Moles, sociologues et nageuses basées à l'université de Cardiff, et l'illustratrice, animatrice et nageuse Lily Mae Kroese, avec Jennifer Walton au son. Créé à partir d'une recherche menée auprès de la communauté de nageurs de plein air au Royaume-Uni, le court-métrage s'inscrit en fait dans un projet plus vaste visant à explorer les sensations et sentiments que procurent la natation de plein air, et ce qu'elle apporte à nos vies. Dans cet article, Charlotte et Kate nous parlent des expériences que les personnes interrogées leur ont confié dans le cadre de leur projet de recherche.
Deux amies se déshabillent rapidement au bord du lac. Elles enfilent leurs combinaisons et s'aident mutuellement à les zipper, puis se dirigent vers l'eau. Les saisons changent et il n'y a pas de temps à perdre. Sans hésiter, elles entrent pieds nus dans le lac encore clair. À chaque pas, l'eau ondule doucement autour de leurs chevilles. Quelques pas de plus, et l’eau leur arrive à la taille. Les nageuses s’arrêtent, elles rient et expriment leur frilosité avec quelques injures, l'eau s'infiltre à travers leurs combinaisons, puis elles s'immergent. Les nageurs ont des rituels divers et variés lorsqu'ils entrent dans l'eau froide. Certains tapent dans leurs mains, d'autres prononcent des mots à haute voix - « délicieux, exquis, chaud, rajeunissant, rafraîchissant ! ». Certains restent debout dans l'eau et se mouillent les poignets et le cou, en attendant que leur corps s'adapte et accepte le froid. Certains s'immergent lentement en gardant les bras levés ; ils sentent l'eau remonter le long de leur corps, toucher leurs cuisses, envelopper leur taille, s'approcher de leurs épaules, en résistant à l'immersion jusqu'à la dernière seconde. D'autres se précipitent vers l'eau, déterminés à y entrer sans hésiter. Quelle que soit l'approche adoptée, il existe un moment de non-retour, où il faut s’engager à faire le saut. Comme le décrit Roger Deakin dans Waterlog, entrer dans l'eau est un moment physique et métaphysique d'une grande importance, lors duquel nous - et l’environnement qui nous entoure - changeons et sommes changés.
Illustration by Lily Mae Kroese
Les nageuses se regardent, s'analysent et se rassurent mutuellement, puisant force et détermination dans le fait d'être immergées ensemble. Ces femmes traversent ensemble l'hiver à la nage et se sont fait la promesse de s'encourager, de se soutenir et de veiller l’une sur l’autre dans l'eau. La natation en eau froide invite les personnes à se montrer vulnérables et courageuses, à s'ouvrir aux éléments tout en s’appuyant sur l'amitié qui les lie. En aval, un nageur solitaire flotte et se laisse porter par l'eau. Dans tout le Royaume-Uni, des aventuriers bravent les eaux froides du pays, méconnues du reste de la population. Les raisons pour lesquelles nous nageons sont nombreuses, mais seuls ou ensemble, les nageurs reconnaissent les vertus réconfortantes, régénérantes et revigorantes de l’eau. Un nageur partage son ressenti : « À mes yeux, l’eau a toujours été une étreinte froide, ma confidente et mon amie ». En mer, un groupe de nageurs se déplace ensemble à travers les vagues, et un phoque curieux leur rappelle qu’ils ne sont pas seuls dans l'eau. Partager l’espace aquatique peut être l'un des moments les plus magiques d'une baignade, mais ces rencontres doivent être négociées, et nous servent de rappel quant à notre présence dans leur espace.
Illustration by Lily Mae Kroese
Lorsque le froid commence à se faire ressentir un peu plus intensément, il est temps de sortir de l'eau et de revenir sur la terre ferme, d'enlever sa combinaison et autres accessoires mouillés et de se réchauffer avec une boisson chaude. L'expérience aquatique est différente selon le site de nage, la saison et l’équipement que nous utilisons. Elle fluctue en fonction de notre état d’esprit, du type de nage que nous pratiquons et des personnes qui nous entourent. Mais chaque séance de natation est marquée par l'engagement de franchir des seuils, de passer de la terre à l'eau, d’évoluer dans un environnement différent, ce qui implique de nouvelles façons d'être et de devenir. En entrant dans l'eau froide, nous apprenons à être vulnérables, à comprendre le risque, à connaître l'eau et à nous faire confiance à nous-même, aux autres, et à l’eau qui nous porte. Nous nous lions d'amitié avec les autres nageurs et avec l'eau, formant ainsi des liens étroits qui perdurent dans le temps. L’immersion en eau froide révèle à la fois notre force et notre fragilité, et la natation nous expose à la nature dans son état sauvage qui, au même temps, nous prend sous son aile. Nous sortons de l'eau avec une force et un espoir renouvelés, et avec le désir d’y revenir.
Illustration by Lily Mae Kroese
Comme l'eau dans laquelle nous nageons, The Water Holds Me/The Water Binds Us anime, retient et lie nos expériences en matière de natation sauvage. Basé sur les histoires de différentes femmes qui se baignent, plongent et nagent dans les rivières, les lacs et les mers, le court-métrage évoque de nombreuses expériences en une seule baignade, de la préparation à l'entrée dans l'eau froide à la sensation de flotter seul en passant par le partage humain qui naît de la natation sauvage. Le film célèbre l’eau, son pouvoir de faire disparaître la douleur et la peur, et de restaurer et raviver nos relations avec le monde naturel et les autres.
Illustration by Lily Mae Kroese
~
The Water Holds Me/The Water Binds Us est le fruit d’une collaboration entre Charlotte Bates et Kate Moles, sociologues et nageuses basées à l'université de Cardiff, l'illustratrice, animatrice et nageuse Lily Mae Kroese, et Jennifer Walton au son. Créé à partir d'une recherche menée auprès de la communauté des nageurs en eau libre au Royaume-Uni, le court-métrage s'inscrit en fait dans un projet plus vaste visant à explorer les sensations et sentiments que procurent la natation sauvage, et ce qu'elle apporte à nos vies. Vous trouverez de plus amples informations sur le projet au lien suivant : https://thewaterholdsme.tumblr.com
2 novembre 2021
Beaucoup de personnes associent l'océan à une force guérisseuse, mais pour certains, c'est un lieu qui évoque un traumatisme.
1 juillet 2021
Bonnie Tsui nous présente un fragment de son livre Why We Swim (Pourquoi nageons-nous ?), un essai poétique et réflexif sur la natation.
17 juin 2021
Que signifie être nageur en milieu naturel ou nageur sauvage ? C'est la question que se sont posée Kate Moles et Charlotte Bales, docteures en sociolo...